Environ 800 000 personnes se suicident tous les ans dans le monde. Rapporté à la population mondiale, ce chiffre pourrait paraître dérisoire. Pourtant, il équivaut à un suicide toutes les 40 secondes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) brise un tabou dans son dernier rapport publié au mois de septembre sur la prévention du suicide. Surtout, elle espère réussir à alerter les pouvoirs publics sur un phénomène qui touche notamment les seniors.
Si ce sont en grande majorité (75 %) les pays en voie de développement qui sont concernés par le suicide, parce qu’ils sont ceux affichant les plus fortes densités de population, qu’ils sont en guerre ou exposés à de multiples catastrophes naturelles, l’Europe n’est pas pour autant épargnée. La France encore moins : plus de 10 000 suicides y ont été enregistrés en 2012, derniers chiffres en date collectés par l’OMS, soit davantage que la moyenne mondiale. Et dans les pays développés, c’est l’alcool, la dépression, un trouble mental ou un traumatisme qui motive le plus souvent un suicide. Mais aussi – et bien sûr – des facteurs socio-économiques. Pour exemple, la Grèce a vu le nombre de suicides augmenter sur ses terres depuis 2008, période depuis laquelle y sévit une grave crise économique. Les populations discriminées mettent par ailleurs plus souvent fin à leurs jours, comme les migrants ou les homosexuels. Les âges extrêmes aussi, à savoir les 15-29 ans et les plus de 50 ans. Pire, dans la plupart des régions du monde, les taux de suicide les plus élevés concernent des personnes âgées de 70 ans et plus, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Solitude, problèmes de santé et/ou d’accès aux soins, maigres revenus… les raisons en sont multiples. Et le phénomène était déjà pointé en France par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
Les plus touchés sont les retraités.
Cette étude soulignait que le taux de suicide s’accroît avec l’âge, mais pas de la même façon selon les deux sexes. Chez les hommes, les chiffres augmentent fortement jusqu’à l’âge de 45-54 ans puis diminuent jusqu’à 74 ans pour remonter ensuite fortement. Si le taux de suicides augmente aussi chez les femmes jusqu’à 45-54 ans, la progression est moins marquée. Ce chiffre diminue ensuite légèrement jusqu’à 55-64 ans mais remonte ensuite pour doubler après 85 ans. La DREES confirme d’ailleurs que les taux de décès les plus élevés sont observés chez les plus de 85 ans ; ils sont deux fois supérieurs à ceux des 25-44 ans et 1,5 fois plus élevés qu’entre 45 et 74 ans. Elle l’explique notamment par les séparations de couples, célibat ou veuvage. Le taux de suicide des veuves est ainsi plus important chez les 45-54 ans.
La pendaison est de loin le moyen le plus souvent choisi, à tout âge. Mais les plus de 85 ans ont surtout recours au saut d’un lieu élevé et les 45-64 ans optent plus souvent pour les médicaments. La noyade est enfin le mode de suicide auquel ont le plus souvent recours les 65-84 ans. Quel que soit le moyen utilisé par la personne en détresse, l’OMS tient aussi à souligner que le nombre de tentatives de suicides reste plus élevé que le nombre de suicides lui-même, soit 20 tentatives pour 1 suicide. De quoi rappeler que la récidive peut être évitée et le suicide prévenu car, contrairement aux idées reçues, la majorité de ces passages à l’acte sont précédés de signes annonciateurs.