Il fallait bien que les baby-boomers atteignent un jour la retraite ! Et les générations concernées étant nombreuses, un large mouvement de départ à la retraite marque le marché de l’emploi depuis maintenant une dizaine d’années. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) prédit qu’il en sera ainsi jusqu’en 2020, partout en France. C’est alors un tiers des actifs, soit quasi huit millions de personnes, qui auront définitivement quitté le monde du travail. Sous le double effet de ces départs à la retraite massifs et de la réforme des retraites – donc de l’allongement de la durée de cotisation et du report de l’âge légal de départ –, le nombre de seniors dans la population active devrait augmenter. C’est l’une des conclusions d’une étude de l’Insee sur la population active française.

RetraiteLes baby-boomers, forcément, commencent à constituer ce qu’il convient d’appeler la génération du papy-boom. Et sur le marché de l’emploi, cela se voit : les départs à la retraite actuels comme ceux de demain touchent de larges effectifs. Début 2000 et jusqu’en 2003, les taux d’emploi des plus de 55 ans ont progressé très rapidement, puis à un rythme moins soutenu jusqu’en 2008. En 2009, l’Insee recensait tout de même plus de 6 millions de travailleurs de plus de 50 ans en métropole ; ces jeunes seniors représentent 25 % de la population active. Et la réforme des retraites de 2010 n’a fait qu’accentuer le phénomène. Si l’on y ajoute le vieillissement de la population, le nombre de seniors actifs devrait continuer à progresser : d’ici à 2020, la majorité des plus de 50 ans qui travaillaient en 2009 devraient mettre un terme à leur carrière. Ce serait également le cas d’une partie des plus de 40 ans qui auront alors soufflé leurs cinquante bougies. Au total, l’Insee estime qu’un tiers des actifs en 2009 devraient quitter la vie active d’ici 2020, soit l’équivalent de près de 8 millions de personnes.

Les régions les plus touchées par ces départs en retraite…

Autre conséquence de cette seniorisation du marché de l’emploi : les régions qui subiront le plus ces départs en retraite devraient être celles, inévitablement, où le taux d’emploi des seniors est le plus élevé, à savoir essentiellement en Limousin et en Auvergne. Cela dit, l’Insee précise que les différences devraient rester légères : entre 2009 et 2020, les cessations définitives d’activité professionnelle oscilleraient d’une région à l’autre entre 29 et 34 %, la part des seniors actifs variant peu dans l’hexagone (de 23 % en Nord-Pas-de-Calais à 27 % en Limousin). L’Alsace, le Nord-Pas-de-Calais et les Pays de la Loire enregistreront toutefois les taux les moins forts, sa population active y étant plus jeune. Même chose pour l’Île-de-France qui ne devrait afficher que 29 % de départs en retraite d’ici 2020 alors que les seniors y sont 1,3 million. L’Insee explique d’une part que la proportion de seniors travailleurs en 2009 n’atteint pas la moyenne nationale (- 0,7 point), mais aussi qu’ils sont sous-représentés chez les actifs franciliens. Or, c’est précisément cette tranche d’âge qui contribue le plus aux départs en retraite. L’Insee ajoute que, dans cette région, les seniors exercent peu les métiers pour lesquels les carrières sont les plus courtes : les ouvriers, les pompiers, les caissiers, les employés de libre service, de l’armée ou de la police prennent souvent leur retraite avant 58,5 ans. Et les seniors ne sont que 8,6 % à occuper ces fonctions quand la moyenne nationale s’élève à 12,3 %.

Notre système de retraite ?

Que ce soit en Île-de-France ou ailleurs, plus les professions sont occupées par des plus de 50 ans, plus l’exode vers la retraite sera massif. Et inversement. Ainsi, coiffeurs, esthéticiens, employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, caissiers, vendeurs, cuisiniers, bouchers, charcutiers et boulangers ne devraient voir partir qu’un quart de leurs effectifs, ces métiers restant structurellement jeunes en raison d’une forte rotation de leur main-d’œuvre et de conditions de travail peu adaptées aux plus âgés. Les professionnels de l’informatique, ingénieurs comme techniciens, devraient de la même façon être peu concernés. À l’inverse, 38 % des emplois dans les services aux particuliers et aux collectivités – aides à domicile, employés de maison, aides ménagères, assistantes maternelles, etc. –, ou encore parmi les ouvriers du textile et du cuir, les agriculteurs et les médecins devraient être touchés. Tout comme la fonction publique où les métiers sont exercés en grande majorité par des seniors.

Et après 2020 ? S’il est difficile d’affirmer que ces départs massifs constitueront une solution au chômage en France, ils interrogent en revanche l’équilibre financier du système de retraite mais aussi le renouvellement de la main-d’œuvre dans les régions et les métiers qui seront les plus touchés. L’Insee pose également la question de l’appauvrissement du capital humain : les seniors sont, aussi, les plus expérimentés. Autant de sujets à étudier avec soin par les autorités.