En ce moment est discuté au Sénat un projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, censé anticiper, comme son nom l’indique, les conséquences du vieillissement de la population. Un texte qui vise large puisqu’il prévoit par exemple l’adaptation de 80 000 logements privés d’ici 2017, la hausse des plafonds de l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile ou encore une politique de prévention contre l’isolement, la malnutrition, le mésusage du médicament et même le suicide. Pour autant, s’ils saluent cet effort de la part du gouvernement, Les petits frères des Pauvres pensent qu’il est possible d’aller plus loin.
L’association sait de quoi elle parle puisqu’elle accompagne, au quotidien, des personnes de plus de 50 ans qui souffrent de solitude, de pauvreté ou de maladies graves. Elle est d’ailleurs partie prenante du projet Monalisa, Mobilisation nationale contre l’isolement des personnes âgées. Ce mouvement créé en début d’année regroupe des associations et des institutions qui, avec le soutien des pouvoirs publics, montent des équipes de volontaires mettant en place, localement, des projets d’entraide intergénérationnelle. Monalisa est ainsi cité en exemple dans le projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement. Mais Les petits frères des Pauvres demandent que soit garanti le financement des actions de ces équipes bénévoles.
Protection des personnes âgées
Ils proposent par ailleurs d’aider à développer les formes alternatives d’habitat pour les personnes âgées. Ici et là essaiment en effet des micro-organisations leur permettant d’éviter la maison de retraite sans pour autant avoir à mettre en place un maintien à domicile coûteux. Le plus souvent, ces îlots de solidarité ressemblent à des groupes de logements réunis autour de locaux communs et ayant pour principe l’entraide quotidienne entre ses habitants. Forts de leur succès, Les petits frères des Pauvres appellent le gouvernement à lever les blocages administratifs qui empêchent de mettre en commun, entre plusieurs personnes, des aides comme l’allocation personnalisée d’autonomie. Ils préconisent aussi de permettre aux personnes à faibles ressources d’accéder à ces lieux de vie, par l’intermédiaire de l’aide sociale par exemple qui n’existe aujourd’hui qu’en établissement.
Enfin, l’association souhaite une protection accrue des personnes âgées contre les abus en inscrivant dans le projet de loi une interdiction renforcée, pour les établissements médicaux ou médico-sociaux, les services d’aide à domicile et les salariés et bénévoles de ces structures, de recevoir des legs. Elle interpelle aussi le gouvernement sur la nécessité de prévoir un meilleur encadrement des dons ou legs de sommes importantes versées aux aides à domicile ou autres professionnels. Les petites frères des Pauvres demandent également la possibilité pour les associations reconnues d’utilité publique de se porter partie civile aux côtés des victimes d’abus, voire de les représenter post-mortem.
En attendant de savoir si la loi qui sera votée accèdera à leurs souhaits, ils indiquent que près de 4 millions de personnes de plus de 75 ans pourraient souffrir d’isolement social dans vingt-cinq ans si rien n’est fait. L’occasion de cette loi, une première, était en tout cas trop belle pour ne pas essayer d’y contribuer.