Ils sont cinq millions… Cinq millions de Français vivent seuls : ils n’ont ni famille, ni ami, ni même de relation professionnelle, de voisinage ou de lien social liée à une activité. Ce chiffre tiré du rapport 2014 de la Fondation de France sur les solitudes montre une aggravation de l’isolement des Français : en 2010, ils n’étaient que quatre millions à n’avoir aucune relation sociale.
Aujourd’hui, 1 Français sur 8 est donc seul, contre 1 sur 10 quatre ans auparavant. Et la Fondation de France craint qu’1 sur 3 ne le devienne : un tiers des Français n’a en effet accès qu’à un seul réseau social sur les cinq identifiés par l’organisation, à savoir les réseaux familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage. Or ces réseaux sont de plus en plus instables et moins intégrateurs socialement. Avoir construit l’essentiel de ses liens sur un seul d’entre eux ne suffit donc plus à assurer leur pérennité. Ainsi fragilisées, les personnes concernées se trouvent potentiellement dans une situation d’exclusion sans en avoir conscience. Divorce, déménagement, décès, licenciement, maladie, handicap…, les accidents de la vie peuvent rapidement les isoler.
La solitude des plus de 50 ans
Par ailleurs, toujours selon cette étude menée auprès de plus de 4 000 personnes, les réseaux sociaux en ligne ne permettraient pas de pallier le manque de liens puisque 80 % des personnes seules ne les fréquentent pas. Et pendant ce temps, l’isolement se stabilise en milieu rural tandis qu’il gagne du terrain en milieu urbain : 13 % des habitants des grandes métropoles sont seuls contre 8 % en 2010. Au global, 36 % des Français n’ont aucun contact avec leurs voisins au-delà des relations de politesse, 39 % n’en ont pas non plus avec leur famille au-delà de quelques rencontres annuelles et 25 % n’ont pas de relations amicales soutenues. Enfin, ils sont plus d’1 sur 2 à exprimer une difficulté croissante à se faire des amis dans son quartier, à organiser des moments de convivialité avec ses voisins ou même à faire des rencontres.
Autre point notable, ce sont les moins de 40 ans, les plus de 75 ans, les inactifs et les bas revenus qui ont le plus de difficultés à diversifier les relations sociales. Accéder à l’emploi entre 30 et 60 ans est en effet déterminant pour s’intégrer socialement. Or, 29 % des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans sont seuls (contre 12 % en moyenne sur l’ensemble de la population). Ils n’étaient que 19 % en 2013. Développer son cercle amical, s’inscrire dans un réseau associatif ou tisser des relations dans le cadre familial peuvent être autant de façons de rompre l’isolement, et de lutter contre la solitude, même avec de moindres ressources.